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– CHAPITRE DEUX –
CONGRESSMAN THOMASSON, SPEAKER

Deux mois plus tôt
Le 1er novembre 2020
1600 Pennsylvania Ave NW,
Washington, DC 20500
The White House.

Dix secondes. C’est le temps que passeront les hommes dans le célèbre bureau. Effaré, verdâtre, celui qui sera bientôt président des NUSA sort du bureau et vomit par terre. Il de-mande une seconde, fait signe qu’il a compris, et pose sa main sur la Bible. Hagard, les yeux dans le vague, il est inattentif à la litanie du serment qui glisse sur lui. Passivement, il prononce la formule consacrée, qu’il a auparavant répétée des centaines de fois, envisageant ce jour sous des circonstances différentes. Il réalise que l’équipe de cosmonautes n’est pas là pour dépister, mais pour
nettoyer les gerbes de sang.
— Avant que vous ne vous installiez, nous devons aussi tester le cadavre de madame la présidente, afin d’être sûrs qu’elle ne portait pas le virus.
— Bien sûr ! Faites, j’envisageais justement de m’asseoir au bureau dans dix minutes pour lire le journal. Je peux être briefé sur ce qui s’est passé au lieu d’entendre des conneries ? Comment est-elle morte ? Qui lui a fait ça ?
— C’est une de mes agents, répond le chef des services
secrets. Leila Noswitz. C’était pourtant la plus dévouée. De garde auprès de la présidente, elle lui a collé une balle explosive dans la tête en une fraction de seconde, il y a une heure, après avoir
entendu que l’élection serait annulée.
— Vous ne triez plus vos éléments sur le volet ? Parce que si c’est ça, barrez-vous, laissez-moi un flingue, et la police du
Capitole vous remplacera.
— Monsieur le président, le mari de l’agent Noswitz est mort du Covid-21 il y a deux mois. C’est sa femme qui le lui avait transmis, probablement attrapé lors d’un meeting de plein air de la présidente. On l’avait pourtant réévaluée sous toutes les
coutures avant sa reprise, mais…
Stanley Thomasson, 46e président des USA, lève une main. Il consulte son téléphone où vient d’arriver un message. Un extrait de journal d’information qu’il regarde pendant une minute.
Atterré, il se prend la tête dans les mains en murmurant :
— Putain de putain de putain… Mais où va-t-on ? Et dire que c’est moi, le chef de ce merdier…
— Monsieur le président ?
— C’est bon, j’ai compris, vous restez en service. Je n’ai qu’une question. Avez-vous une vidéo de la scène ? De la tue-rie ? Dans le bureau ?
— Oui. Mais… elle n’a pas vocation à devenir publique, je pense que vous ne…
— Que si. Vous avez dix minutes. Cinq seraient mieux. Mac Coy, vous intégrez mon cabinet comme… « chargé de rela-tion avec vos collègues républicains ». À prendre ou à laisser, j’ai besoin de quelqu’un d’aussi inepte qu’eux pour les com-prendre. Faites venir Yellis, ma directrice de communication. Annoncez-lui que je la nomme vice-présidente et qu’elle ramène ses fesses dare-dare. Je suis nul sur Facebook et toutes ces con-neries, mais on va en avoir besoin.
L’agent, perdu, semble prêt à s’exécuter, mais il a autant besoin qu’envie de précisions. Le président hoche la tête, se frotte les yeux, et tend son téléphone pour le montrer à tout le monde.
— OK, je comprends, dit Thomasson. C’est de bonne guerre et de toute façon vous le découvrirez vous-même dans 5 minutes… Allez ! Venez tous, regardez ça, pleurez, et allez me chercher cette putain de vidéo du meurtre de Warner-Lee, avant que tout n’explose !

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