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Couverture livre 3D

Féline

p. 60, chapitre 6

Je jetai le pull par terre et suivis rapidement la piste fraîchement découverte. Plus rien d’autre n’avait d’importance. Mes sens enregistraient ce qu’il se passait autour de moi, sans que cela n’handicape ma traque. Je sentais que quelqu’un me suivait, mais je savais confusément que je n’avais pas à le redouter. Je courus ainsi à travers la forêt, apparemment sans but précis, pendant ce qui me sembla être des heures, lorsque la sensation se fit plus présente, presque écrasante. Je m’arrêtai subitement et jetai un regard circulaire autour de moi.
Je me trouvais dans un cul-de-sac. Une paroi de granit recouverte de plantes grimpantes me faisait face et des buissons épineux associés à du sumac vénéneux quasiment impénétrables en fermaient les deux côtés. Sans surprise, je vis Jude appuyé nonchalamment à un arbre derrière moi. Une lueur amusée dans son regard sombre et l’air nullement éprouvé par notre course effrénée dans les bois ! Tandis que j’étais toute échevelée, égratignée et peinais à retrouver une respiration normale. Pas de doute : il fallait que je me mette au sport et que je m’achète des baskets.
—Eh bien, eh bien ! On dirait que Scooby-Doo a flairé une piste ? se moqua-t-il en m’observant des pieds à la tête d’un air moqueur.
— Ne m’appelez pas comme ça ! lui répondis-je entre mes dents en lui lançant un regard noir.
Mon sale caractère m’incitait à lui rentrer dedans méchamment pour enfin savoir de quoi il retournait, mais mon instinct, ou mes nouveaux sens, me poussait à finir ce que j’avais commencé et à trouver la source de cette sensation étrange.
Je pris sur moi et me détournai, avant de me diriger vers l’endroit où semblait mener la piste. Pour me retrouver devant une paroi de granit. Je m’arrêtai, interloquée, jusqu’à ce que je sente un faible courant d’air venant de la falaise. Sans plus réfléchir, je commençai à écarter les plantes grimpantes pour découvrir, sans réelle surprise, une ouverture derrière celles-ci. Je m’y engouffrai, pressée de trouver le but de ma traque.
C’était une grotte, assez vaste pour que je ne puisse pas en distinguer le fond et très faiblement éclairée. Je mis quelques instants à m’accoutumer à la pénombre.
Quand je les rouvris, ce que je vis me coupa le souffle. Je comprenais ce que j’avais devant les yeux, mais mon cerveau, lui, refusait de l’appréhender. Sûrement un mécanisme de défense pour préserver ma santé mentale déjà bien malmenée. Je me mis à trembler de tout mon corps tandis que mes jambes se dérobaient sous moi, me précipitant au sol.
Je pense que c’est à ce moment-là que je me mis à crier.

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