Écrire ou ne pas écrire, telle est la question
Et quelle question !
Souvent, cette dernière nous donne des frissons, des maux de tête, on se triture les méninges "dois-je le faire ?" "ne pas le faire ?" "à quoi ça sert ?", on tourne en rond et, la plupart du temps, on n'y répond pas.
Pourtant, à mon avis, cette question est des plus importantes et y répondre vous apportera une aide cruciale.
Pour vous expliquer la chose plus clairement, nous allons partir de toutes les petites questions qui découlent de cette grosse question et nous allons répondre à chacune d'entre elles. Chaque réponse nous rapprochant, un peu plus, de THE réponse finale.
Allez, on y va !

1. Écrire, mais pour quoi faire ?
Cette question se rapproche de celle écrite plus haut "à quoi ça sert ?" et à toutes les autres qui tournent autour de l'utilité de cette action qu'est l'écriture. Pour vous répondre franchement, en toute honnêteté, écrire ça ne sert à rien. En tout cas pas dans le cadre des romans.
Oui, écrire cela sert quand vous faites votre liste de courses, quand vous remplissez votre to-do list... En gros, dans ces cas là, cela vous sert à vous souvenir. Bien, mais pour un roman, cela n'a rien à voir (sauf si vous vous appelez Anthony Lucchini et que votre roman se trouve être le recueil de vos rêves romancés, mais ne nous éloignons pas !).
Lorsque vous écrivez une histoire, que vous l'inventez, cela sort totalement du cadre de la mémoire. Vous tapez, ou écrivez, des lettres noires sur une page blanche qui, mises bout à bout, forment des mots, puis des phrases, des paragraphes, des chapitres et enfin une histoire. Certes, mais à bien y réfléchir cela ne sert, en effet, à rien. Ah si ! Pardon ! Si vous écrivez un gros pavé et que vous le faites imprimé, ça fait un super cale porte !... Voilà c'est à peu près tout !
Donc écrire un roman, cela ne sert à rien. Pourquoi vous le faire comprendre, vous le répéter ? Pour vous montrer que répondre à cette question, "pour quoi faire ?", cela ne sert à rien non plus. On écrit pas pour faire quelque chose. On le fait par plaisir et le plaisir est loin d'être une notion utilitaire. On écrit, vous écrivez, avant tout (nous vous le souhaitons) parce que cela vous plaît !
Ainsi, si à la question "à quoi ça sert d'écrire ?" vous ne répondez pas "pour me faire plaisir", "parce que j'en ai envie" ou "passke je kiffe grav'" alors c'est mal parti. Si vous vous dites "quelle plaie d'écrire" ou "ça me saoule des masses de rester devant mon ordi", la solution est simple : écrire un roman ce n'est pas pour vous, pour le moment. Chaque chose en son temps ! Certains se mettent à l'écriture très tôt et d'autres très tard. Nous sommes tous différents et comme dirait ma prof de yoga (que je vois 3 fois l'an environ, tellement je suis assidue) "nous avons tous notre propre lumière, notre propre rythme intérieur. Le respecter c'est se respecter".
Si vous trouvez ces paroles profondes et que vous parlez anglais (elle est tellement connue qu'elle poste qu'en anglais presque XD), je vous invite à vous rendre sur son compte Insta ! Elle est perchée mais très sympa.
"Nous avons tous notre propre lumière, notre propre rythme intérieur. Le respecter c'est se respecter"
2. Suis-je légitime ?
Ahlalalala ! La fameuse question de la légitimité !
Vous ne vous appelez ni Proust, ni Flaubert, ni Tolkien et encore moins Bradbury, alors en quoi pouvez-vous vous proclamer écrivain ? Comment osez-vous d'ailleurs ! Si vous n'êtes ni vieux, ni mort alors n'écrivez pas ! ... Intéressante comme idée, n'est-ce pas ?
Personnellement, elle me hérisse, mais ce n'est que moi. :)
Alors face à cette question, je pense que deux attitudes peuvent être identifiées :
La première, celle de l'écrivain qui se dit "F*ck les vieux, je suis jeun(e), j'écris ce que je veux, vive moi et point à la ligne !" - à ceux-la je dis "top", mais il ne faut pas perdre de vue que ces "vieux" ont forgé notre héritage littéraire et qu'il est toujours bon de ne pas les crucifier sur l'autel de la nouveauté !
La deuxième, celle de l'écrivain qui se dit "ce que j'écris n'a rien de comparable avec les auteurs que j'adore alors à quoi bon perdre mon temps à continuer ?" - ceux-là je dis "stop". Personne n'écrit comme personne. Si vous donnez un point de départ, une action perturbatrice, des personnages bien détaillés et une situation de fin à 5 personnes différentes, le résultat ne sera jamais le même ! On imagine pas un seul instant que Baudelaire écrirait le même texte qu'Agatha Christie dans ces circonstances, alors à quoi bon se flageller ?
La meilleure attitude à avoir, lorsque l'on se pose cette question de la légitimité c'est de revenir à la réponse numéro une : se faire plaisir. Et pour cela, aucune légitimité n'est requise ! Facile, non ?
"Se faire plaisir et pour cela aucune légitimité n'est requise !"
3. Mais qui va lire ce ramassis de m**** ?
Oui, souvent, quand on se pose ces questions, on se dit que tout son travail c'est de la merde (pas de *** ici, désolée). Et c'est pour ça que je réponds à ces questions !
Donc, ici on adresse le problème du lectorat.
Là encore, deux typologies de personnes sont identifiables :
Celle qui se dit "qui va être assez débile, assez fou, assez inconscient pour se plonger dans mon histoire ? "
Et celle qui se dit "je suis un génie du verbe, hop on publie ça sur W******d et autres et dans deux ans je deviens célèbre !"
Je vous l'accorde, les deux cas sont caricaturaux, mais bon, c'est moi qui écris, donc voilà. ;)
En réalité, les deux cas sont assez similaires.
On a affaire à un/e auteur/e (Ah oui ! Petit point ! Pourquoi tout le monde dit "autrice" et pas "auteure" ??? C'est horrible comme mot "autrice" ! A chaque fois j'ai l'image d'une autruche autiste en tête ! Bref, passons !) qui perd de vue le principal : on s'en fout de qui lit le texte et si ça leur plait !
Et, là encore, on en revient à la réponse n°1 : tant que ça vous plaît à vous, le reste on s'en moque !
"On s'en fout de qui lit le texte et si ça leur plait !"
4. Dois-je le faire ?
Dernière question avant la conclusion et, cette fois-ci nous attaquons le sujet du devoir. (J'ai l'impression de décortiquer un sujet de philo... Ah mes jeunes années ! Enfin, bref !).
Devez-vous écrire ?
Si vous avez compris tous les points précédents, et notamment le premier, vous avez la réponse à cette question.
En philo, justement le devoir désigne l'ensemble des règles générales qui guident la conscience morale. Il est accompli par obligation, en dehors de toute autre considération de volonté ou de désir. ... Pour le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804), un acte n'a de valeur morale que s'il est fait par devoir. Et si vous avez Netflix et que vous regardez The Good Place (série géniale s'il en est) alors vous connaissez Kant. ;)
Donc, à la vue de cette définition, la réponse est tout simplement "non". Non, vous ne devez pas écrire. Vous le pouvez. Et ce changement de verbe (nous pourrions dire de paradigme) bouleverse tout ! Le devoir implique une contrainte, tandis que le pouvoir implique des possibilités !
Oui, vous avez la possibilité d'écrire, comme celle de lire, de parler et même de penser par vous-même (c'est dire). Vous êtes, tout simplement, libre de le faire ou de ne pas le faire.
"Non, vous ne devez pas écrire. Vous le pouvez."
Conclusion
Bien sûr, on peut se poser des milliers d'autres questions autour de l'écriture, mais avec les quatre sélectionnées plus haut, je pense avoir souligné un point majeur, aux différentes facettes, qui vous permettra à coup sûr de répondre, soit par "oui" soit par "non" à la question "écrire ou ne pas écrire ?".
Et ce point, c'est celui du plaisir ! Si écrire vous fait plaisir alors faites-le. Ne faites pas ça pour un tiers, pour devenir célèbre ou sous la contrainte ! Faites cela car vous prenez du plaisir à construire un monde, à faire vivre des personnages, bref à vous prendre pour Dieu avec des mots !