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Retours Atelier #9



Vous avez été deux à vous occuper comme vous le pouviez, merci à vous !


#1 – Grégory Desseaux


Le son qui résonna au cinquième étage de l’appartement aurait pu être comparable à celui d’un simple pétard. Mais ce qui retentit l’espace d’une seconde dans le petit salon n’avait rien d’un 14 juillet.

Isabelle se retrouva rapidement à terre, portant aussitôt une main contre sa joue endolorie et un bras en travers de son visage blême pour se protéger de la gifle suivante.

- J’arrive pas à croire que tu aies osée me dénoncer aux flics ! hurla Kevin en exposant ses poings menaçants. Qu’est-ce que tu croyais, hein ! Que mes collègues allaient me foutre en taule comme un vulgaire tueur en série ?

Isabelle se redressa lentement en frottant sa pommette douloureuse. Elle garderait longtemps sur la peau la marque rouge des cinq doigts pareil à un tatouage morbide.

- Et tu faisais quoi sur le balcon à discutailler avec la voisine ? Si c’est des alliées qu’tu cherches, confinement ou pas, cette vieille sorcière sera pas un témoin oculaire très fiable si tu vois c’que j’veux dire !

- Elle est peut-être aveugle, mais elle est loin d’être sourde. Et oui, elle a dit qu’elle m’aiderait d’une façon ou d’une autre !

- T’aider hein ! Pffff ! J’ai hâte de voir ça.

Kevin s’approcha du mur du salon.

- Ouais, hurla-t-il à travers la cloison, trop hâte de voir ça ! C’est quand tu veux, vieille peau !

Il vit volte-face avant de bousculer Isabelle de son épaule musclée.

- J’vais m’laver, lança-t-il en disparaissant dans le couloir.

Kevin était resté 15 minutes sous une douche brûlante et la vapeur s’était répandue dans la salle de bain tel un sauna. Il se frictionnait avec sa serviette lorsque soudain, une gifle monumentale le projeta violemment sur le côté. Portant la main à sa joue sans comprendre ce qui lui arrivait, il se mit à blêmir lorsque sous ses yeux, des lettres apparurent sur la surface du miroir embué comme si l’homme invisible en personne se mettait à lui écrire. Et le message était on ne peut plus clair.

Touche là encore… t’es mort


Retours :

Contrat rempli, tu as écrit 1948 caractères espaces compris et ton verbe "Blêmir" est bien au cœur de l'histoire !

On est pas du tout dans le même genre que ton texte précédent et c'est intéressant car cela montre que changer de style ne te fais pas peur :) Bon, moi en lisant, c'est pas la même chose XD Ton texte aborde un sujet dur, d'autant plus en période de confinement, mais la fin fin un plaisir fou ! Si seulement, l'homme invisible pouvait exister et s'en prendre à ce genre de personne ! (moi, le seul homme invisible que je connais est joué par Kevin Bacon et là encore c'est pas un cadeau XD)


 

#2 – Lally


Quel paradoxe ! Depuis le confinement je n’ai jamais passé autant de temps dans le jardin ! Au loin, de vaillantes tronçonneuses braillent au bras de bûcherons isolés, signe que l'activité économique n’est que réduite. Pourtant, je vois les rues endormies de ma ville fantôme, comme anéanties après une guerre. Les voitures ont laissé la place à des nuées de néo-marathoniens, dotés d’alibi douteux, dépoussiérant leurs baskets le long des rideaux baissés des boutiques. La brise légère qui caresse ma peau réveille mes souvenirs. Je pense à toi. Quelle singularité saisonnière ! Mars nous offre une pandémie en guise de giboulées, avril nous a libéré de nos fils d’hiver et voici qu’il est question de nous dé-confiner en Mai-fais ce qu’il te plaît ! Organiser mon jardin secret, dans ce quotidien qui va devoir composer avec un mal dont on ignore l’évolution, est devenu mon activité principale, farouche. Tu me manques. Je pense à ta peau, à ta bouche, à tes mains. Je pense à nous. Est-il sanitairement acceptable de poursuivre nos secrètes rencontres dans ce processus de distanciation improvisé par l'Etat ? Est-ce un interdit à oublier ou une folie à perpétuer ? Chaque jour, l’actualité nous pronostique une façon nouvelle de vivre entre parenthèses. Décision arbitraire, qui mettrait un terme à notre délit. Comment trouver la sagesse nécessaire pour souscrire à une liberté sous cloche. La vie est parfois si courte. Je me crois rebelle pour me jeter dans tes bras illégitimes, comme geste barrière de l’ennui. Folie, crieront ceux qui louent l’évolution négative de notre société rétrograde, censurée. Liberté, clameront d’autres écorchés de la vie. Mais indocile ou stupide, l’adjectif importe peu, comment ne pas grossir les rangs des insoumis, prisonniers d’habitudes humaines prêtes à renaître. A nos peaux qui s’épousent, à nos bouches qui s’embrassent, à nos mains qui se caressent. La question est posée. Que sera demain ? Le destin est à venir, aussi incertain qu’avant le COVID.



Retours :

Contrat rempli ! Nous avons 2004 caractères espaces compris (on t'accorde les 4 supplémentaires va !) et ton verbe "organiser" est au cœur du texte :-)

Une organisation qui prête à réfléchir sur l'amour au temps du COVID XD Comme dans tes textes précédents, ton style est agréable, les images bien trouvées et on se retrouve aisément pris dans la narration ! Je pense que l'opinion de chacun favorise une lecture plus ou moins positive de ton texte et c'est cela aussi qui est intéressant. Le personnage comme le lecteur se retrouve face à un dilemme "moral" auquel tu n'apportes aucune réponse et donne donc à réfléchir :)


 

Encore merci à vous deux!

Le prochain exercice sera publié Mercredi 13 Mai !

À bientôt ! ;)

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