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Lupus Nostrum

Incarnations

Couverture livre 3D
Badge prix littéraire

Suite au plan machiavélique de Ivory, le temps de la conciliation est révolu.

Les métamorphes sont désormais traités comme des monstres et forcés de se battre pour survivre. La guerre est sur le point d'éclater.

Car même si Ivory est mort, ses disciples lui ont survécu et sont bien décidés à mener son projet à bien.

"Lupus Nostrum vaincra !"

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Un Extrait ?

Chapitre 1


Il faisait froid et la pluie menaçait en cette dernière nuit d'octobre, risquant d'écourter les réjouissances de cette soirée d'Halloween. Je marchais rapidement, ma capuche rabattue et la tête basse pour me protéger du vent humide et pénétrant. Des enfants insouciants et des fêtards joyeux déambulaient dans les rues, déguisés, leurs sacs remplis de friandises bruissant au rythme de leurs pas. Un groupe de jeunes ados déguisés en zombies ridicules me hélèrent avec gaieté, mais je pressai le pas. Je n’avais pas la tête à ça.
À la vérité, je ne l'avais pas à grand-chose. Comme tous les soirs, ces derniers temps, je n'avais qu'une seule et unique idée en tête, rentrer chez moi au chaud pour passer une soirée tranquille en tête à tête avec ma télé. Chose qui m'aurait horrifiée rien que d'y penser, encore quelques mois auparavant.
À l'époque, je menais une vie tranquille et insouciante. Partagée entre mon travail de serveuse dans un petit restaurant, mes cours à la fac de psychologie et mes amies, que je retrouvais presque tous les soirs. Je vivais avec ma mère, qui m'avait eue très jeune et élevée seule. Nous nous entendions très bien et, parfois même, elle se joignait à nous lors de nos petites réunions improvisées. Mes copines l'adoraient. Puis, tout avait basculé, peu de temps avant Noël.
La disparition subite de ma mère, renversée par un chauffard sur un trottoir alors qu'elle rentrait de son travail, m'avait anéantie. Passée l'hébétude initiale, les différentes démarches administratives et juridiques avaient eu raison du peu d'insouciance qu'il me restait. J’avais dû arrêter les cours et trouver un deuxième travail pour payer les factures, ne trouvant même plus de temps de voir mes amies. Mais, même ainsi, je ne m'en sortais pas et avais bien dû finir par me résoudre à vendre la maison.
Une fois que la dernière chose qui me rattachait un tant soit peu à ma mère eut disparu, je décidai de tenter un nouveau départ ailleurs, loin de tous ces douloureux souvenirs. Mes amies avaient bien essayé de me retenir et j’avais hésité un bref instant, sachant qu'elles me manqueraient, mais tout était différent. Désormais, j’étais seule. Ma vie ne serait plus jamais comme avant et voir tous ces gens si heureux me faisait mal, me rappelant trop ce que j’avais perdu et ne retrouverais jamais...
J'étais donc partie m'installer à l'autre bout du pays, dans une grande mégapole, noyée dans l’anonymat, loin de ma petite ville de banlieue. J'avais espéré que le changement d'environnement me permettrait de passer à autre chose, mais presque un an s’était écoulé depuis la tragédie, sans que le temps ni la distance amenuisent la douleur et l'abattement permanent que je ressentais. J’avais, au contraire, la sensation de m'enliser dans une routine morne et triste, un long tunnel sans fin dont je ne parvenais plus à sortir.
Cela faisait bientôt deux mois que j'étais là. Les maigres économies que j'avais réussi à tirer de la vente de la maison, une fois passés les frais de succession et autres factures, ne s'élevaient pas à grand-chose. J'avais donc dû me contenter de louer une chambre d'étudiante chez une vieille dame en attendant de trouver un emploi fixe. Ce qui, je l'espérais, était en bonne voie.
Je travaillais à l'essai depuis quelques jours dans une bibliothèque de la ville, située dans l'un des nombreux nouveaux quartiers qui fleurissaient un peu partout à sa périphérie. Le sentiment d’être en ville, sans vraiment y être. Mon travail consistait à ranger et classer les différents ouvrages, rien de très palpitant, mais j’aimais bien l'ambiance feutrée de la bibliothèque et la solitude. Les autres employés émettaient des réserves à mon égard, sans doute refroidis par tous les refus polis, mais nets, que j’avais émis à leurs différentes tentatives de rapprochement.
Je savais, au fond de moi, que j'aurais dû accepter leurs gentilles invitations et me faire de nouveaux amis, mais je n'y arrivais tout simplement pas. Je n'avais plus ni l'envie ni l'énergie d'essayer de m'intégrer. C'était un peu comme si un grand vide que plus aucune émotion ne pouvait remplir s’épanouissait insidieusement en moi.
J’avais bien conscience que je présentais tous les symptômes de la dépression, autant psychologique que physique. J'avais maigri, mes cheveux d'ordinaire toujours bien coiffés dans un dégradé impeccable étaient trop longs et des mèches rebelles me tombaient constamment devant les yeux. Même si j'étais toujours propre et soignée, mon apparence m’importait peu. Du moment que c'était propre et à ma taille, cela me suffisait. Ce constat amer était plus qu'alarmant, mais ce n’était pas le premier, me rendis-je compte en poursuivant mon chemin sous le crachin pénétrant.
Je savais bien que je ne pouvais pas continuer comme ça, ça ne me ressemblait tellement pas ! Mais bon, le choc était encore récent et ma déprime était sûrement accentuée par le temps exécrable que nous avions depuis près d'un mois et demi maintenant. Cela irait certainement mieux aux beaux jours...
Un groupe de jeunes filles déguisées en sorcières et qui gloussaient trop fort me croisèrent sur le trottoir et me sortirent momentanément de mes tristes souvenirs.
— Tu crois qu'on va en rencontrer un ? demanda, d'un air excité et les yeux écarquillés, l'une des filles.
— Rencontrer quoi ? T’es encore dans tes délires de vampires ? lui répondit une grande blonde à l'air déluré d'un ton méprisant, avant de lever les yeux au ciel. Tu n'en as pas marre de nous bassiner avec ça ? Tu sais très bien que ça n'existe pas !
— Bien sûr que si ! lui répondit-elle sur la défensive. Si les aigles-garous existent, je suis certaine que les vampires aussi !
— Cette vidéo que tu nous rabâches avoir vue était un fake ! C’est d’ailleurs pour ça qu’elle a été immédiatement retirée et que personne d’autre à part toi ne l’a vue !
— Mon père l’a vue aussi. Il est flic, je vous rappelle et, depuis hier, il est constamment au boulot ! Je vous dis qu’il se passe quelque chose !
— Peut-être, mais certainement pas une invasion de vampires ou de loups-garous ! s’esclaffèrent à nouveau ses deux copines. Tu as toujours été beaucoup trop impressionnable, Tina ! Laisse tomber cette histoire et profitons de la soirée !
Je ne pus m'empêcher d'esquisser un demi-sourire et de lever les yeux au ciel à mon tour, avant que leur conversation ne se perde dans la distance.
Un sujet typique pour une nuit d’Halloween, mais quelque chose dans le ton de la fameuse Tina m’avait interpellée. Bien que je n’aie jamais été attirée par les histoires fantastiques et autres délires surnaturels, j’avais toujours pensé que des gens « différents » pouvaient exister.
Non, mais vraiment... n'importe quoi, me repris-je en secouant la tête avant de presser encore un peu plus le pas sous l’averse qui s’intensifiait. Pourquoi cette conversation entre trois gamines me perturbait-elle autant ? Soudain, un souvenir enfoui remonta brusquement à la surface me replongeant instantanément dans un passé heureux, pas si lointain.

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